Lyon, le 06/04/2007
Conducteur: TCL
Unité: xxx
Ligne: 53
N° immatriculation: xxx xx 69
Lieu accident: Jean Macé
Heure: 8h40
N° du bus: xxxx
Objet: Mise en danger de cycliste par chauffeur TCL
Madame, Monsieur,
Ce jour, le 06/04/2007 vers 8h30, me rendant comme chaque jour à mon
travail à vélo via, pour la partie de mon itinéraire concernant cet
incident, les rues Marc Bloch, rue Domer et place Jean Macé, je me
suis, comme chaque jour, mis sur la file de gauche de la rue Marc
Bloch, étant donné que la rue Domer est la première rue à gauche (la
rue du Brigadier Voituret étant fermée pour travaux).
A peu près au niveau de ladite rue du Brigadier Voituret, roulant à
environ 25 km/h, j'ai entendu un énorme coup de klaxon à quelques
mètres derrière moi, coup qui m'a fait sursauter.
Il m'a semblé reconnaître un klaxon de bus TCL, ce que m'a confirmé un
rapide coup d'oeil en arrière.
Les coups de klaxon ont été répétés à 3 ou 4 reprises.
Je précise qu'il s'agit bien du klaxon et non du timbre beaucoup plus
« doux » que vos chauffeurs utilisent parfois pour prévenir les
piétons.
J'ai donc cessé de pédaler, tourné dans la rue Domer et le feu étant
passé au rouge, je me suis décalé sur la file de gauche et ai laissé
le bus venir à ma hauteur, et ai demandé à votre chauffeur ce qui se
passait.
Celui ci m'a, de manière très agressive ce qui m'a surpris, dit (je
cite ses propos): « les pistes cyclables c'est pas fait pour les cons
».
J'ai donc réalisé que ce chauffeur me reprochait de ne pas avoir
emprunté le couloir de bus de la rue Marc Bloch, couloir autorisé aux
vélos mais situé à droite des voies de circulation.
Je lui ai rétorqué que d'une part, il n'est en rien obligatoire de
l'emprunter pour les vélos et bus (la preuve en étant que lui même se
situait sur la voie de gauche tout comme moi!), et que d'autre part,
tournant à gauche à la prochaine intersection, j'étais parfaitement en
droit, non seulement d'après le Code de la Route mais de plus d'une
façon tout à fait logique, d'emprunter la file de gauche.
Je le fais d'ailleurs tous les jours de semaine (j'insiste, tous les
jours, qu'il pleuve, neige ou vente) depuis plus de 2 ans que j'habite
à ce domicile, et que pas une seule fois je n'ai eu un conflit sur
cette partie d'itinéraire.
Je précise également que parcourant environ 5 000 km à vélo dans Lyon
chaque année et cycliste au quotidien depuis plus de 10 ans, je me
considère comme aguerri dans ce domaine et n'ai jamais eu d'accident
ni d'incident grave à vélo en ville.
Après cette discussion quelque peu stérile, chacun restant sur ses
positions, j'ai ostensiblement relevé le numéro du bus afin de
signaler aux TCL cet incident mineur afin d'obtenir une clarification
sur les torts de chacun.
Le feu est ensuite passé au vert et le bus et moi avons démarré côte à
côte et traversé la rue Chevreul en direction de la place Jean Macé.
Je me situais donc sur la voie de gauche, et le bus sur la voie de
droite, libre de tout véhicule à cet instant.
De manière incompréhensible, le chauffeur du bus a commencé à serrer
brutalement à gauche, d'une telle manière que j'ai du « piler » afin
de ne pas être écrasé entre le bus et la palissade métallique pleine
située sur le bord gauche de la rue (un immeuble étant en travaux
apparemment).
Pendant cette manoeuvre le regard du chauffeur est resté fixé sur moi
dans son rétroviseur gauche, et je répète qu'aucune raison de
circulation ne justifie qu'il ait serré à gauche.
Ni voiture en stationnement illicite sur la voie de droite (ce qui
arrive parfois, et je suis dans ce cas le premier à céder le passage
aux bus, étant profondément convaincu que les transports en commun et
les modes de circulation dits « doux » sont nécessaires à la ville et
qu'il faut leur faciliter la vie, je suis d'ailleurs usager régulier
des TCL et membre de « La Ville à Vélo », la plus grande association
cycliste de Lyon), ni le besoin de se déporter sur la voie de gauche
puisque le virage suivant peut être effectué sans problème si le bus
demeure sur le gabarit de la voie de droite.
Je dépasse d'ailleurs régulièrement des bus 53 à ce même endroit par
la voie de gauche, ainsi que des automobiles, cela ne gênant
absolument pas la marche du véhicule.
J'ai donc rapidement réalisé que le geste du chauffeur était
volontaire. Une fois le bus passé, je l'ai donc rattrapé juste avant
son arrêt de l'avenue Jean Jaurès et l'ai forcé à s'arrêter en me
mettant devant lui et en couchant mon vélo sur la chaussée.
Je tiens à préciser que j'ai touché le bus avec la roue avant en
couchant le vélo mais que ceci est de mon fait et pas de celui du
chauffeur.
Après avoir bloqué le bus, j'ai composé le 17 depuis mon téléphone
portable et attendu la présence des forces de police pour déposer.
Je précise que:
- Je ne porterai à priori pas plainte, si je reçois des explications
ou excuses écrites du chauffeur.
- Les faits s'étant produits ce matin pourraient être qualifiés de
violence avec arme par destination, ou de mise en danger de la vie
d'autrui, les peines encourues étant très lourdes car le geste de
cette personne, bien que sous l'emprise de la colère aurait pu avoir
des conséquences très graves si je n'avais pas été un cycliste
aguerri.
- Je ne tiens pas spécialement à porter plainte car cette personne a
sans doute une famille que je ne veux pas mettre dans l'embarras, mais
n'hésiterai pas non plus à le faire si la personne refuse de
reconnaître ses torts.
- Enfin, je suis pleinement conscient des impératifs d'horaires
auxquels sont soumis les chauffeurs, et le stress que ce métier
implique, et suis le premier à faciliter le passage aux bus, notamment
lorsqu'ils quittent leur arrêt, ce que semblent ignorer la plupart des
automobilistes.
Ceci étant:
- Je n'ai jamais accepté et n'accepterai jamais que l'on mette en jeu
mon intégrité physique, surtout de cette manière trop facile quand on
conduit un engin de 10 ou 15 mètres de long.
- Je connais parfaitement les droits et devoirs associés à la pratique
du vélo en ville, que je répète pratiquer depuis plus de 10 ans, et
depuis 5 ans de manière quotidienne.
- Une bonne « engueulade », si vous me passez l'expression, ne m'a
jamais traumatisé et les choses en seraient restées là si le chauffeur
ne m'avait pas serré de cette manière volontaire.
J'attends donc de votre part que vous expliquiez à ce chauffeur que:
- Le klaxon « lourd » ne doit pas être employé pour les piétons et
cyclistes, sauf en cas d'urgence je suppose, ce qui n'était pas le
cas, et surtout pas à une distance de quelques mètres et dans un but
d'intimidation. Imaginez quelqu'un qui ressort son vélo et qui n'en
fait pas souvent à ma place...
- Les cyclistes ont droit à la rue, en partage avec les autres
usagers, que cette rue soit pourvue d'aménagements cyclables ou non,
ces derniers étant malheureusement le plus souvent impraticables
(stationnement anarchique, etc.)
- Qu'un bus n'est pas un défouloir ni un objet d'intimidation pour
autrui. Votre chauffeur est sans doute piéton ou cycliste de temps à
autre et il n'apprécierait certainement pas un tel comportement.
- Et qu'enfin je suis à son entière disposition pour lui prêter un de
mes vélos personnels et lui faire traverser dans la circulation
matinale les 4 voies de la rue Marc Bloch, depuis le couloir de
bus/vélos vers la file de gauche.
Sincères salutations,
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