8 Avril 2007


LA CHASSE AUX CYCLISTES EST OUVERTE

J'ouvre cette page pour raconter 2 anecdotes concernant la place des cyclistes telle que la voient les automobilistes et conducteurs de bus.
Elles ont eu lieu à 12 heures d'intervalle.


Jeudi 5 Avril 2007 vers 20h30, cours Émile Zola je venais de Cusset et me suis arrêté au feu situé avant Carouf devant l'emplacement du futur commissariat.
J'étais seul, et comme j'allais obliquer à gauche pour prendre la rue Anantole France, je me suis mis dans la voie du milieu.
La voie de droite était vide.
Une voiture est venue s'arrêter derrière moi et le conducteur s'est mis à klaxonner et à faire ronfler son moteur.
J'ai mis le vélo sur béquille et suis allé demander au conducteur ce qui se passait.
Il m'a répondu que je devais me mettre dans la file de droite. Je lui ai répondu que je n'allais pas à droite et il m'a dit que ça ne changeait rien.

Je rappelle que la voie de droite était libre et que rien ne l'empêchait de s'y mettre.
Quand nous sommes repartis, il a pris la rue Anatole France.

Il s'était donc mis dans la file du milieu pour la même raison que moi, mais n'admettait pas que je m'y mette.
Je n'aurais pas écrit cette page si un copain ne m'avait pas envoyé par mail le lendemain ce courrier qu'il venait d'envoyer au Sytral.
Lyon, le 06/04/2007
Conducteur: TCL                                                                           Unité: xxx
Ligne: 53                                                                                      N° immatriculation: xxx xx 69
Lieu accident: Jean Macé                                                              Heure: 8h40
N° du bus: xxxx






Objet: Mise en danger de cycliste par chauffeur TCL



Madame, Monsieur,



Ce jour, le 06/04/2007 vers 8h30, me rendant comme chaque jour à mon travail à vélo via, pour la partie de mon itinéraire concernant cet incident, les rues Marc Bloch, rue Domer et place Jean Macé, je me suis, comme chaque jour, mis sur la file de gauche de la rue Marc Bloch, étant donné que la rue Domer est la première rue à gauche (la rue du Brigadier Voituret étant fermée pour travaux).

A peu près au niveau de ladite rue du Brigadier Voituret, roulant à environ 25 km/h, j'ai entendu un énorme coup de klaxon à quelques mètres derrière moi, coup qui m'a fait sursauter.

Il m'a semblé reconnaître un klaxon de bus TCL, ce que m'a confirmé un rapide coup d'oeil en arrière.

Les coups de klaxon ont été répétés à 3 ou 4 reprises.
Je précise qu'il s'agit bien du klaxon et non du timbre beaucoup plus « doux » que vos chauffeurs utilisent parfois pour prévenir les piétons.

J'ai donc cessé de pédaler, tourné dans la rue Domer et le feu étant passé au rouge, je me suis décalé sur la file de gauche et ai laissé le bus venir à ma hauteur, et ai demandé à votre chauffeur ce qui se passait.

Celui ci m'a, de manière très agressive ce qui m'a surpris, dit (je cite ses propos): « les pistes cyclables c'est pas fait pour les cons ».

J'ai donc réalisé que ce chauffeur me reprochait de ne pas avoir emprunté le couloir de bus de la rue Marc Bloch, couloir autorisé aux vélos mais situé à droite des voies de circulation.

Je lui ai rétorqué que d'une part, il n'est en rien obligatoire de l'emprunter pour les vélos et bus (la preuve en étant que lui même se situait sur la voie de gauche tout comme moi!), et que d'autre part, tournant à gauche à la prochaine intersection, j'étais parfaitement en droit, non seulement d'après le Code de la Route mais de plus d'une façon tout à fait logique, d'emprunter la file de gauche.

Je le fais d'ailleurs tous les jours de semaine (j'insiste, tous les jours, qu'il pleuve, neige ou vente) depuis plus de 2 ans que j'habite à ce domicile, et que pas une seule fois je n'ai eu un conflit sur cette partie d'itinéraire.

Je précise également que parcourant environ 5 000 km à vélo dans Lyon chaque année et cycliste au quotidien depuis plus de 10 ans, je me considère comme aguerri dans ce domaine et n'ai jamais eu d'accident ni d'incident grave à vélo en ville.

Après cette discussion quelque peu stérile, chacun restant sur ses positions, j'ai ostensiblement relevé le numéro du bus afin de signaler aux TCL cet incident mineur afin d'obtenir une clarification sur les torts de chacun.

Le feu est ensuite passé au vert et le bus et moi avons démarré côte à côte et traversé la rue Chevreul en direction de la place Jean Macé. Je me situais donc sur la voie de gauche, et le bus sur la voie de droite, libre de tout véhicule à cet instant.

De manière incompréhensible, le chauffeur du bus a commencé à serrer brutalement à gauche, d'une telle manière que j'ai du « piler » afin de ne pas être écrasé entre le bus et la palissade métallique pleine située sur le bord gauche de la rue (un immeuble étant en travaux apparemment).

Pendant cette manoeuvre le regard du chauffeur est resté fixé sur moi dans son rétroviseur gauche, et je répète qu'aucune raison de circulation ne justifie qu'il ait serré à gauche.

Ni voiture en stationnement illicite sur la voie de droite (ce qui arrive parfois, et je suis dans ce cas le premier à céder le passage aux bus, étant profondément convaincu que les transports en commun et les modes de circulation dits « doux » sont nécessaires à la ville et qu'il faut leur faciliter la vie, je suis d'ailleurs usager régulier des TCL et membre de « La Ville à Vélo », la plus grande association cycliste de Lyon), ni le besoin de se déporter sur la voie de gauche puisque le virage suivant peut être effectué sans problème si le bus demeure sur le gabarit de la voie de droite.

Je dépasse d'ailleurs régulièrement des bus 53 à ce même endroit par la voie de gauche, ainsi que des automobiles, cela ne gênant absolument pas la marche du véhicule.

J'ai donc rapidement réalisé que le geste du chauffeur était volontaire. Une fois le bus passé, je l'ai donc rattrapé juste avant son arrêt de l'avenue Jean Jaurès et l'ai forcé à s'arrêter en me mettant devant lui et en couchant mon vélo sur la chaussée. Je tiens à préciser que j'ai touché le bus avec la roue avant en couchant le vélo mais que ceci est de mon fait et pas de celui du chauffeur.

Après avoir bloqué le bus, j'ai composé le 17 depuis mon téléphone portable et attendu la présence des forces de police pour déposer.

Je précise que:

- Je ne porterai à priori pas plainte, si je reçois des explications ou excuses écrites du chauffeur.
- Les faits s'étant produits ce matin pourraient être qualifiés de violence avec arme par destination, ou de mise en danger de la vie d'autrui, les peines encourues étant très lourdes car le geste de cette personne, bien que sous l'emprise de la colère aurait pu avoir des conséquences très graves si je n'avais pas été un cycliste aguerri.

- Je ne tiens pas spécialement à porter plainte car cette personne a sans doute une famille que je ne veux pas mettre dans l'embarras, mais n'hésiterai pas non plus à le faire si la personne refuse de reconnaître ses torts.

- Enfin, je suis pleinement conscient des impératifs d'horaires auxquels sont soumis les chauffeurs, et le stress que ce métier implique, et suis le premier à faciliter le passage aux bus, notamment lorsqu'ils quittent leur arrêt, ce que semblent ignorer la plupart des automobilistes.

Ceci étant:

- Je n'ai jamais accepté et n'accepterai jamais que l'on mette en jeu mon intégrité physique, surtout de cette manière trop facile quand on conduit un engin de 10 ou 15 mètres de long.
- Je connais parfaitement les droits et devoirs associés à la pratique du vélo en ville, que je répète pratiquer depuis plus de 10 ans, et depuis 5 ans de manière quotidienne.

- Une bonne « engueulade », si vous me passez l'expression, ne m'a jamais traumatisé et les choses en seraient restées là si le chauffeur ne m'avait pas serré de cette manière volontaire.

J'attends donc de votre part que vous expliquiez à ce chauffeur que:

- Le klaxon « lourd » ne doit pas être employé pour les piétons et cyclistes, sauf en cas d'urgence je suppose, ce qui n'était pas le cas, et surtout pas à une distance de quelques mètres et dans un but d'intimidation. Imaginez quelqu'un qui ressort son vélo et qui n'en fait pas souvent à ma place...
- Les cyclistes ont droit à la rue, en partage avec les autres usagers, que cette rue soit pourvue d'aménagements cyclables ou non, ces derniers étant malheureusement le plus souvent impraticables (stationnement anarchique, etc.)
- Qu'un bus n'est pas un défouloir ni un objet d'intimidation pour autrui. Votre chauffeur est sans doute piéton ou cycliste de temps à autre et il n'apprécierait certainement pas un tel comportement.
- Et qu'enfin je suis à son entière disposition pour lui prêter un de mes vélos personnels et lui faire traverser dans la circulation matinale les 4 voies de la rue Marc Bloch, depuis le couloir de bus/vélos vers la file de gauche.

Sincères salutations,





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